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Les Greniers collectifs fortifiés de Ouarzazate

 Le grenier collectif fortifié d'Ighrem N'ougdal
Le grenier collectif est un édifice détaché de l'habitat villageois où les Berbères emmagasinent leurs récoltes et d'autres biens. Connus sous le nom d'ighrem (agadir dans l'ouest du Maroc atlastique), certains greniers dominent le village, d'autres sont établis au sommet d'un piton rocheux à l'écart de tout habitat.
On ls trouve de la Tripolitaine jusqu'au Maroc, où ils sont les plus nombreux, les plus variés et les mieux onservés. Leu origine reste tout à fait obscure. Le droit coutumier les dates du XVI siècle, mais, de par son caractère sacré, l'ighrem, a peut-être une origine antérieure à l'Islam.
Les conditions naturelles d'origine climatique et l'économie du pays ont imposé la nécessité de stocker pour les périodes de disette. A cette nécessité s'est ajoté ell de parer aux raages de la guerre et en danger permanent de pillage.
l'ighrem est sacré à l'égal d'une mosqueé. Nulle action mauvaise, vol, mensonge, adultère ou meurtre ne peut être commis dans le magazin. Il est inviolable. C'est aussi un lieu d'asile.
Le grenier est un établissement de la tribu où chaque chef de famille est propriétaire d'une ou plusieurs cases individuelles dont il posséde la clef. Chaque famille, qui a construit sa case, est responsable de son entretien. Les parties communes sont à la charge de la collectivité, construites et entretenues par corvées.

Les propriétaires choisissent un gardien ou portier, attaché en permanencce à l'édifice dont ils assurent la subsistance. Ce gardien surveille les allées et venues des usagers et en interdit l'accès aux étrangers.
Souvent un Ighrem est aussi un bâtiment fortifié, pourvu de tours et dressé sur un lieu abrupt. une seule entrée, en chicane ou fortifiée, permet de pénétrer à l'intérieur de l'enclos. Il n'y a nulle autre ouverture vers l'extérieur, si ce n'est les fentes d'aération.
Le grenier présente une allée médiane étroite ou une coeur centrale, de chaque côté de laquelle sont alignées sur plusieurs étages des cases de mêmes dimensions. Toutes les cases ouvrent vers l'intérieur du magasin et elles sont closes par portillons de bois.
Les dépendances varient en nombre. Outre la loge du portier, il peut y avoir une piéce pour d'autres gardes, un moulin, une forge, une écurie-étable, une chambre de réunion des notables et parfois même une petite mosquée. Un grand Ighrem comporte plusieurs citernes.
La construction du grenier d'Ighrem N'Ougdal, (ougdal se traduit par prairie, aire de pâturage), date de la fin du XVIIe siécle. Il était utilisé par le village de Ighrem N'Ougdal et les villages avoisinants (Alezdaz, Taourirt, H'lou, Melladi) pour y conserver des denrées périssables (orge, blé, maïs, laine, beurre, miel, noix, amandes, légumes séches : navets et carottes...) ainsi que des archives et objets précieux (bijoux, etc.). Il y a 84 cases sans compter celles des tours au nombre de 12, qui servent pourr la surveillance.
Le grenier était géré par le conseil du village dont les membres devaient être âgés de plus de quarante ans et oû tous les lignages étaient représentés . Ce conseil jouait également le rôle de témoin lors des différentes transactions et s'occupait également de l'organisation du travail collectif ( entretien du grenier, de bassins d'irrigation et canalisations, chemins de montagne, gestion des pâturages, etc.) Les réunions du conseil du village se tenaient deux fois par an lors des fêtes religieuses et tous les vendredis après-midi pour la gestion des conflits entre villages.
Les prélèvements sur les récoltes étaient éffectués avant l'entreposage dans les cases. L'opération s'effectuait dans le bac qui se trouvait au centre du grenier. Il y avait quatre types de prélèvement par année: Le Zakat imposé par la religion musulmane au profit de la population nécessiteuse représente 1/10 de l'ensemble de la récolte; la part de l'imam de la mosquée est d'une ration (env. 1kg) d'une des recoltes pour chaque couple de jeunes mariés de chaque famille; la part du gardien est égale à celle de l'imam; la part des trois marabouts.

Source : Mohamed Boussalh et Mustapha Jlok (CERKAS, Ouarzazate)- région Wallone Belgique